Lettre du 16 février 2000

Chére collégue, cher collégue,

 

Le passage d'un siécle à l'autre – que d'aucuns envisageaient comme catastrophique ou, à tout le moins, marqué au coin d'un « bogue » aussi mystérieux que menaçant – s'est effectué somme toute dans une relative sérénité.  Aux joies des retrouvailles familiales, se sont ajoutés les plaisirs issus des fréquentations amicales et, plus intimes mais non moins importants, ceux de l'audition ou de la lecture des oeuvres laissées de côté par la fébrilité inhérente aux préparatifs des jours fériés.

 

 

L'APRUM est en deuil

 

A la charnière des deux siècles qui viennent de s'entrecroiser, trois membres de l'Association viennent de nous quitter.  Il s'agit tout d'abord du professeur titulaire Jean-Luc Poulin de la Faculté de l'aménagement décédé le 31 décembre dernier à l'âge de 73 ans.  Architecte de formation, il a marqué profondément sa profession tout au long des cinq dernières décennies.  Déjà professeur d'architecture à l'école d'architecture de Montréal, devenue affiliée en 1964 à l'Université, il a fait partie de l'équipe initiale de la Faculté de l'aménagement à titre de vice-doyen.  En tant que professeur et directeur de l'école d'architecture il s'est très tôt employé à définir les normes devant régir les activités d'une école professionnelle universitaire et à procéder à la constitution d'un corps professoral de qualité.  Il a su, avec un rare bonheur, mener à bien tout autant ses activités professorales et administratives que celles reliées à la pratique de sa profession.

 

Intimement mêlé aux activités des divers regroupements d'architectes, au sein desquels il occupa des postes de direction, il acquit une réputation des plus enviables, notamment dans le domaine du code du bâtiment où il devint la «grande» autorité ce qui lui valut plusieurs marques de reconnaissances de la part de ses pairs.  L'enseignement du professeur Poulin, marqué au coin d'une grande rigueur de pensée et d'expression a fortement influencé les générations de jeunes qui sont venus acquérir une formation professionnelle à l'école d'architecture.  Demeuré simple et de commerce agréable, il mit volontiers sa grande expertise à la disposition de ceux et celles qui l'ont consulté.  Jean-Luc Poulin demeurera un des «grands» de sa profession.

 

En second lieu, il s'agit du professeur Louis-Paul Dugal, décédé le 7 janvier dernier à l'âge de 88 ans, dont l'APRUM avait reconnu les mérites en l'accueillant, en 1986, à titre de membre honoraire.  Le regretté disparu a joué pendant plus de trente ans un rôle très important dans l'enseignement supérieur au Québec.  Après de brillantes études à la Pennsylvania State University, il s'est joint au tout début des années 40 au Département de biologie de l'Université de Montréal.  Il y a fait montre d'un talent extraordinaire tant par la haute qualité pédagogique de son enseignement que par le dynamisme avec lequel il poursuivait ses travaux de recherche.  Il a suscité chez ses étudiants un vif intérêt pour les sciences biologiques; il a même presque réussi à «séduire» et attirer en biologie un distingué collègue mathématicien.  Il fallait le faire!

 

Au milieu des années cinquante, il a accepté l'invitation de l'Université d'Ottawa de prendre la direction de son Département de biologie. Par la suite, il assuma les responsabilités de doyen de la Faculté des sciences pures et appliquées.  Au cours des années 60, l'Université de Sherbrooke l'a recruté lors de la mise sur pied de sa Faculté de médecine.  Successivement directeur des études de cette faculté puis vice-recteur (administration et recherche), il participa avec succès à la consolidation de l'établissement.

 

Convaincu de l'importance à accorder au développement de l'enseignement supérieur il s'est fait un devoir de participer aux activités de nombreux organismes de recherche.  Son rayonnement lui valut, au cours des années, de nombreux prix et distinctions, notamment, la Médaille Pariseau de l'ACFAS, le prix Montyon de l'Académie des sciences de Paris, une bourse de la Fondation Guggenheim et quelques doctorats honorifiques.  Avec lui, s'est éteint l'un des derniers survivants des authentiques pionniers du développement des activités scientifiques au Québec.

 

En troisième lieu, je signale le décès, survenu le 20 janvier 2000 à l'âge de 79 ans, de Madame Janina Szpakowska professeure retraitée de l'école de bibliothéconomie et des sciences de l'information.  Après ses études effectuées à Bruxelles en science politique et en journalisme, elle a émigré au Québec et a entrepris des études en bibliothéconomie à l'Université de Montréal et à l'Université McGill où elle a obtenu, successivement, un B.A. et une M.Sc.

 

Après avoir oeuvré dans le secteur privé un petit moment, elle s'est jointe au corps professoral de l'école où elle entrepris sa carrière professionnelle.  Vivement intéressée par la sociologie de la lecture chez les jeunes et les adolescents, elle a effectué des travaux de recherche sur le comportement, en matière de lecture, des jeunes du Québec de niveau secondaire.  Ses travaux lui ont valu une certaine notoriété notamment  dans certains milieux outre Atlantique.  Ses étudiants conserveront le souvenir d'une professeure dévouée et compétente.

 

En dernier lieu, et pour le bénéfice des collègues auxquels la nouvelle aurait pu échapper, il convient de signaler le décès, survenu le 15 janvier, d'un grand universitaire: le Dominicain Georges-Henri Lévesque.  Le Père Lévesque a exercé une influence de tout premier plan dans les milieux intellectuels du Québec.  Au cours de la période cruciale des années quarante et cinquante, où il n'était pas «politiquement correct» d'afficher quelqu'indépendance d'esprit que ce soit, il a attiré dans l'enseignement qu'il dispensait à l'école des sciences sociales de Laval bon nombre de ceux et celles qui ont permis au vent du large de pénétrer le monde si fermé du Québec.  D'une ouverture d'esprit absolument remarquable et, cela, sur tous les plans de la réflexion, il a exercé sur ses compagnons de route une influence toujours marquée au coin de la discrétion et du respect des opinions.  Pas étonnant que se soient côtoyés, dans son voisinage, des intellectuels et des hommes d'action tels André Laurendeau, René Lévesque, Fernand Dumont, Jean Marchand, Guy Rocher, Léon Dion, Marcel Pepin et Gérard Pelletier pour n'en mentionner que quelques-uns.

 

L'influence du Père Lévesque s'est également exercée à l'extérieur du Québec.  On en veut pour preuve, notamment, sa participation aux travaux de la Commission Royale d'enquête Massey sur les arts, les lettres et les sciences dont les recommandations ont permis au Canada de se donner une politique en ces matières et de jouer un rôle dans leur financement.

 

Il ne faut pas oublier de mentionner la participation de Georges-Henri Lévesque à la création, au début des années 60, de l'Université nationale du Ruanda.  Il a réussi, à force de courage et de persuasion dans le recrutement initial de ses professeurs, à faire de cet établissement un instrument de promotion pour les populations environnantes. Son chagrin a été des plus vif lorsque des massacres inter tribaux ont éliminé la fine fleur de l'élite qu'il avait contribué à former.

 

 

De quelques nouvelles

 

Assurance-santé

 

- Le dossier du programme collectif d'assurance-santé pour le personnel retraité (contrat 22948) continue de retenir l'attention de l'APRUM.  En vérité, la montée en flèche de la consommation des médicaments et celle, non moins vertigineuse, du coût des nouveaux médicaments inquiètent tout autant la Régie de l'assurance-maladie du Québec (RAMQ) que les régimes privés d'assurance-santé.

 

- La Croix Bleue du Québec (CBQ), l'assureur au dossier pour les divers programmes en vigueur à l'Université, a déjà fait savoir qu'une hausse substantielle des primes, de l'ordre de 30%, pourrait être nécessaire pour reconduire les programmes en vigueur.  Des échanges ont présentement lieu entre l'Université et CBQ lesquels devraient permettre d'aller au coeur des données sous-jacentes et de chiffrer le coût de la réinsertion, dans leur groupe d'origine, des personnes retraitées de moins de 65 ans.

 

- Le Comité ad hoc de l'APRUM devrait obtenir, au plus tard le 21 février, l'information pertinente à ce sujet.  Quoi qu'il en soit, le Comité participera aux travaux du Comité des assurances et, de ce fait, sera informé des décisions qui y seront prises.

 

Les campagnes de souscription

 

- La première à se manifester, dès l'automne, a été la Campagne de financement de l'Université menée auprès de la famille universitaire dont le personnel retraité fait évidemment partie.  Ce dernier a souscrit près de 76 000$ dont 63 000$ proviennent du personnel enseignant retraité.  Il s'agit d'une réussite qui augure bien pour le succès de la Campagne majeure qui touchera d'ici peu le grand public.

 

- De son côté, la campagne annuelle de Centraide à l'Université – décalée dans le temps pour laisser place à la campagne de l'Université de Montréal - a quand même, à ce jour, recueilli 125 000$ (environ 60% du montant obtenu en 1998) dont environ 18 000$ proviennent du personnel retraité.  D'aucuns y voient une mesure de la sensibilité de la collectivité aux besoins des personnes déshéritées.

 

- La compagne partenaire santé, jumelée à la campagne Centraide, a connu quelque succès puisque 19 000$ ont été souscrits dont 3 200$ proviennent du personnel enseignant retraité.

 

 

Activités ... sociales et autres

 

L'Assemblée générale annuelle des membres de l'APRUM, un moment important dans la vie de l'Association, aura lieu cette année le jeudi 1er juin 2000, vers 16:00, à l'Immeuble principal de l'Université.  Vous recevrez, en temps utile, toutes les informations relatives à cet événement.  Mais, il importe déjà d'en aviser votre carnet privilégié de façon à ce qu'il vous rappelle ce rendez-vous important.

 

Les déjeuners du 3ième jeudi du mois, au restaurant Chez Lévêque au 1030 Laurier ouest, ont déjà repris et continueront jusqu'en mai inclusivement.  Les dates à retenir : 17 février, 16 mars, 20 avril et 18 mai.  Venez ajouter votre grain de sel à la conversation vos collègues en bénéficieront.

 

Je vous salue bien cordialement.

 

Jacques St-Pierre
Président

JSP/fsp