NOUVELLES du 11 mars 1995

 

Lettre du 11 mars 1995

 

Bonjour à vous toutes et tous!

Maintenant que le souvenir du mois de février, de ses froids tenaces et de ses paysages enneigés, bascule dans l'entonnoir de la mémoire, voici que se pointe le mois de mars, porteur de ce « printemps » qui ragaillardit la végétation dans la foulée des crocus et autres perce-neiges qui seront sous peu au garde-à-vous sur nos pelouses encore couvertes de neige.

 

De quelques bonnes nouvelles

Le temps qui passe véhicule une foule d'événements dont la variété et l'étendue du spectre comportent des situations dont il est impérieux de souligner l'existence. Dans le contexte des « jours heureux », je tiens à signaler deux événements qui touchent de très près aux projets chers à l'UdeM.

 

Le CHUM

La Saga du CHUM est arrivée – enfin! – à la phase de la traditionnelle levée de la première pelletée de terre. Cette cérémonie a été effectuée en présence des principaux personnages au dossier : Jean Charest, premier ministre; Christian Paire, directeur général du CHUM; les ministres Michèle Courchesne et Yves Bolduc ainsi que Guy Breton , recteur de l'UdeM. Selon le texte que signait Kathleen Lévesque, dans Le Devoir, édition « les samedi 26 et dimanche 27 » de février 2011, ' Le CHUM passe de la vision à la construction '

 

Mme Courchesne, présidente du Conseil du trésor, « s'est réjouie de constater que le CHUM n'est plus un rêve ». Commentant le projet qui prendra forme en partenariat public-privé (PPP), la ministre a déclaré que « ce choix se justifie largement compte tenu des économies (302,7 millions de dollars) que générerait ce mode de réalisation » selon l'expression de Kathleen Lévesque. Le meilleur projet au meilleur prix d'ajouter Mme Courchesne.

 

Le campus de l'UdeM à Outremont

 

Parallèlement, je signale le projet relatif à l'implantation d'un campus de l'UdeM à Outremont . Ce projet longuement débattu, puis endossé par l'Assemblée universitaire et adopté par le Conseil de l'Université – auquel la Ville a apporté son soutien depuis le début – a franchi une étape importante le 22 février dernier. En effet, le Conseil municipal de Montréal a alors donné son approbation
1- au règlement d'urbanisme autorisant la construction d'un campus de l'UdeM et
2- à l'entente entre la Ville de Montréal et l'UdeM qui définit les conditions de réalisation de ce projet.

 

Les prochaines étapes menant à la réalisation de ce projet seront franchies dans le futur immédiat 1o par l' UdeM qui complètera les dernières étapes menant à l'obtention du permis de « réhabilitation » du terrain de l'ancienne gare de triage du CP à Outremont et 2- par la Ville de Montréal qui verra au développement d'un Programme particulier d'urbanisme (PPU) pour les arrondissements voisins du futur campus ainsi que pour la Ville de Mont-Royal.

 

 

Nécrologie

Note. Il n'empêche que la joie engendrée par des événements heureux s'accompagne trop souvent de la peine ressentie au décès de quelques collègues. Les textes suivants en font foi.

 

Gilles Boileau

Texte de Michel Lespérance

Le géographe Gilles Boileau est décédé le 27 décembre dernier à l'âge de 79 ans. Après avoir obtenu un doctorat en géographie de l'Université de Bordeaux, Gilles Boileau est engagé en 1963 à titre de professeur adjoint au Département de géographie. Il assume également pendant plusieurs années une charge d'enseignement dans le secteur de l'éducation permanente. Promu à l'agrégation en 1968, il devenait la même année directeur de son département ainsi que membre du Conseil de sa faculté jusqu'en 1973.

Le professeur Boileau été très actif dans son milieu, présidant le Conseil de la culture des Laurentides, la Fédération des sociétés d'histoire du Québec et la Fédération de la faune du Québec. De plus, il est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages, entre autres, Oka, terre indienne – Le silence des Messieurs , publié en 1991, Étienne Chartier , sorti originalement en 1999 et réédité en 2010, ou, plus récemment, en 2009, Mirabel en histoires. Dans ce dernier ouvrage, il avait choisi de raconter l'histoire de Mirabel par le biais de courts récits.

Reconnu pour son franc-parler et ses opinions parfois tranchées, M. Boileau a également été un ardent défenseur des expropriés de Mirabel, avec lesquels il a d'ailleurs collaboré à la rédaction d'un ouvrage ayant pour titre La mémoire de Mirabel. Dans tous les milieux où il a œuvré, on le regrettera longtemps.

 

Paul Bernard

Texte de Michel Lespérance

 

Le professeur Paul Bernard du département de sociologie est décédé le 6 février dernier. Titulaire d'un doctorat de l'Université Harvard, M. Bernard était professeur honoraire au Département de sociologie, où il a enseigné pendant plus de 35 ans. C'est en 1974 qu'il se joint au département à titre de professeur adjoint. Il y avait assumé depuis 1967 des charges d'enseignement et de recherche. Sa recherche et son enseignement ont porté sur les inégalités sociales, les parcours de vie et le développement social. Développeur passionné, Paul Bernard a mis en place ou inspiré plusieurs projets d'envergure nationale et internationale dans ce domaine. Il a grandement favorisé l'utilisation des statistiques afin de mieux comprendre la réalité des différents groupes constitutifs de la société québécoise et d'orienter les décisions de politique publique. Ses qualités de professeur et de chercheur ont fait en sorte qu'il ait été nommé professeur agrégé en 1980 puis professeur titulaire en 1986.

Au plan institutionnel, ses qualités personnelles et son dynamisme intellectuel ont été mis à contribution au Comité de la recherche dont il a assumé la présidence de 1992 à 1995, puis au sein du Groupe de travail sur les priorités institutionnelles en 1996. Je peux personnellement témoigner que son apport à ce dernier comité a été des plus remarquables.

Paul Bernard a joué un rôle majeur au plan du développement de la sociologie au Québec et au Canada. En effet, le professeur Bernard a été membre  du Comité directeur de l'Enquête par panel auprès des ménages canadiens et du Conseil d'administration de la Société de recherche sociale appliquée. Il a présidé le Comité consultatif du Conseil canadien de développement social chargé de préparer la publication d'un Rapport périodique sur le développement social au Canada. Il a également siégé au Comité de direction du Centre d'études sur la pauvreté et l'exclusion sociale du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale du Québec et a collaboré au groupe de travail sur la pauvreté de Centraide du Grand Montréal. Il a été l'un des architectes de la création du Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales. Et il était considéré comme un pionnier de la réflexion sur les inégalités sociales de santé.

De plus, il a été l'un des principaux instigateurs de l' Initiative de démocratisation des données (IDD) qui rend facilement accessibles les données d'enquêtes et des recensements menés par Statistique Canada pour des fins de recherche et d'enseignement. Il a présidé le Groupe de travail mixte du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et de Statistique Canada chargé d'identifier les causes de la faible utilisation par les chercheurs des grandes enquêtes longitudinales entreprises au pays vers le milieu des années 1990. Ce rapport a donné lieu à la création en 2000 du Réseau canadien des Centres de données de recherche, un consortium d'universités et de chercheurs qui n'a cessé de s'élargir au fil des ans et qu'il a dirigé jusqu'en 2003. Il présidait également le Conseil d'orientation du CIQSS depuis ses tout débuts. En 2001, la Société canadienne de sociologie et d'anthropologie lui décernait un prix pour sa « contribution remarquable à l'avancement de la sociologie ».

Paul Bernard a voulu être et a été un professeur apprécié de ses étudiants. Deux témoignages rendus à l'occasion de son décès illustrent bien l'homme, le professeur et le chercheur remarquable qu'il a été : « Paul était un homme de grands projets et il savait faire preuve de ténacité quand venait le temps de les réaliser, souligne la directrice du Département de sociologie, Andrée Demers. Il aura marqué ceux et celles qui l'ont côtoyé par son dynamisme, sa générosité et sa capacité hors du commun à amener chacun à s'accomplir pleinement. Il savait faire confiance et encourager, donner et partager, et il a transmis la passion du métier de sociologue à des générations d'étudiants. »

Le doyen de la Faculté des arts et des sciences, Gérard Boismenu , a pour sa part tenu à saluer la contribution scientifique du professeur Bernard : «  Paul Bernard était très activement engagé dans les activités du Centre Léa-Roback sur les inégalités sociales de santé de Montréal. Sociologue inventif et méthodologue rigoureux, il a inspiré plusieurs projets d'envergure nationale et internationale au cours de sa carrière et a contribué au rayonnement de l'Université dans le domaine de la statistique sociale. »

 

Margaret Kiely

Texte de Michel Lespérance

La professeure titulaire Margaret C. Kiely est décédée le 15 février dernier. Elle avait obtenu son diplôme de Ph.D. en psychologie clinique à l'Université de Montréal en 1970. En 1972, elle est pressentie par son mentor, le père Noël Mailloux de l'ordre des dominicains, fondateur du département de psychologie de l'Université de Montréal, pour devenir professeur à la section clinique du département de psychologie et y enseigner la psychologie communautaire, ce qu'elle fit jusqu'à sa retraite en 2000.

Promue professeure agrégée en 1978, elle devint professeure titulaire en 1984. Chercheure, professeure et directrice des études supérieures, son intérêt se portait toujours, non sur des sujets généralement reconnus du milieu, mais sur des thèmes comme le suicide, le sens de la mort au long des cycles de la vie, le deuil et ses effets à long terme, le développement communautaire, la responsabilité des citoyens dans la réinsertion des délinquants rééduqués, les aspects cognitifs du fonctionnement mature chez les personnes âgées, la promotion d'une approche théorique intégrant la créativité à la supervision des thèses, le vrai sens du processus de créativité, etc. Ses activités lui ont valu l'admiration et les éloges de ses collègues de l'École de service social.

Durant sa carrière de 28 ans, elle a mené à terme 39 doctorats et 100 maîtrises, ce qui témoigne d'une productivité exceptionnelle en la matière. Elle a marqué plusieurs générations d'étudiants par la qualité de son enseignement. Pour elle, enseignement et recherche étaient intimement liés. « Ma vie, et non seulement ma carrière, disait-elle, a commencé par des questions qui en entraînaient plusieurs autres… Ce n'est pas seulement les réponses qui me fascinent mais aussi la formulation et la reformulation de questions qui contiennent une partie de la réponse et permettent d'approfondir les sujets qui me tiennent à cœur. »

La professeure Kiely se disait privilégiée d'avoir eu de vrais mentors, tels que Noël Mailloux, Adrien Pinard, Thérèse Gouin-Décarie, Gabrielle Clerk et André Lussier. Ses propres mérites furent reconnus par la Société canadienne de psychologie dont elle était Fellow depuis l992 qui lui a décernée, en 1998, son prix « Éducation et Formation » pour la qualité exceptionnelle de son enseignement, notamment en socio-pathologie, En 1997, elle a reçu de l'Ordre des psychologues du Québec le Prix Noël-Mailhoux, reconnaissant ainsi sa contribution extraordinaire au développement de la psychologie, tant comme discipline scientifique que professionnelle. Elle était membre de l'International Council of Psychology et du Canadian Trauma Response Network. De 1949 jusqu'à son décès, elle fut membre de la congrégation des Sœurs Dominicaines de Tacoma (Wash.).

En 2000, l'Université reconnaissait l'excellence de sa carrière en la proclamant professeure émérite.

 

John Patrick O'Neill

Texte de Jay Bochner

 

John O'Neill, décédé le 4 janvier 2011, est né à Washington, D.C., le 14 juillet 1937. Peut-être s'agît-il d'un signe prémonitoire de sa longue carrière dans le monde francophone! Il fut élevé dans l'autre Washington, à Spokane, fit ses premières études universitaires à la Notre-Dame University puis, grâce à un prestigieux Woodrow Wilson Fellowship, obtint un doctorat à la Stanford University en Californie. Recruté (1964) par Robert Browne , il fit carrière au Département d'études anglaises en tant que spécialiste de la littérature américaine, principalement celle du 19 e siècle. En 1973 il publie son beau et sobre livre sur le grand romancier Henry James : Workable Design . Quelques années plus tard il termine une pièce de théâtre musicale sur la vie de Paul Dresser, compositeur populaire et frère de l'écrivain Theodore Dreiser; malheureusement les déboires financiers de Broadway, à cette époque des années '80, n'ont pas permis la production de ce "My Brother Paul".

Au Département, John se consacra surtout aux programmes du B.A., où il innova au niveau du profil des étudiants se destinant à la carrière d'enseignant. Il se souciait particulièrement de la haute performance des étudiants qui devaient maîtriser l'écriture et la littérature dès leur deuxième année d'études. John O'Neill était un homme disponible . Ses interlocuteurs, collègues, étudiantes et étudiants, appréciaient ce trait généreux de sa personnalité.

Après sa retraite (2002), il ne cessa de s'intéresser à la culture et à la politique américaine et québécoise. Très grand lecteur, John O'Neill dévorait l'écrit dans toutes ses formes; par ailleurs, il écoutait plus qu'il ne parlait – il tenait à rester ouvert d'esprit et savait toujours bien plus qu'il ne disait. Le sport, la musique, la peinture, la photo et bien d'autres sujets étaient au rendez-vous quand nous nous rencontrions une fois par semaine pour une partie de tennis, suivie d'un repas dans le quartier du Mile-End et de ses environs.

Malgré plusieurs maladies graves depuis deux ans, il se rétablissait toujours, car il était très combatif. Il reprenait alors ses activités de vélo et de tennis . Nous avons joué notre dernière partie de tennis fin octobre dernier, et on s'attendait à en jouer bien d'autres. En décembre, il épousa Élisabeth Fortin, sa fidèle compagne depuis 23 ans. Une cérémonie fut tenue, le 15 janvier à la Librairie Paulines ; on y retrouva anciens collègues , étudiants, amis, enfants, et petits-enfants des familles Fortin-O'Neill. Un de ses étudiants, déjà lui-même retraité de son enseignement au CEGEP, témoigna: " I know the bad teachers spend the afterlife grading an ever increasing pile of papers while the good ones, like John, keep talking about the books they love and why they love them". Adieu, John, et bonnes lectures!

 

 

Et la vie continue

 

Programme coutumier

•  Je rappelle tout d'abord que les rendez-vous pour les déjeuners du 3 e jeudi du mois, au restaurant Le Joli Moulin (1201 ave Van Horne) auront lieu tel que prévu les 17 mars et 19 mai prochains; par ailleurs, le déjeuner du 21 avril est contremandé pour des raisons impérieuses (seules valables en de telles circonstances!).

•  Les séances du Club informatique continueront d'être « au menu ». Pour vous en assurer, contactez Jean-Robert Derome (tel. : 514-731-4876; courriel : jean-robert@deromelyons.ca).

Programme très spécial

 

L'Assemblée générale des membres aura lieu, cette année, le mardi 31 mai au pavillon Roger-Gaudry; elle sera suivie par une réception (buffet à l'appui!) dans le Hall d'honneur. Les documents afférents à ces événements vous parviendront en temps utile (début de mai). Notez le tout dans votre petit calepin favori car vous aurez alors l'occasion de saluer les membres du Conseil pour le présent exercice ainsi que ceux qui le seront au cours de l'exercice 2011-2012. Il risque d'y avoir « du nouveau ».

 

In fine

•  Au moment de signer cette missive, j'apprends la triste nouvelle du décès subit de notre chère collègue Marie-Andrée Bertrand . Une note à son sujet paraîtra dans ma prochaine missive.

•  Il est bien dommage que la récente « bordée» de neige retarde l'arrivée de ce printemps si fébrilement attendu; toutefois, la chaleur de mes salutations n'en est pas affectée, croyez-moi!


Jacques St-Pierre
Président

JSP/fsp

 

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