Université de Montréal

Association des professeurs retraités
de l'Université de Montréal



Grains de sagesse

Été 2007, numéro 14

Les collègues publient

Le style, c'est l'homme, la formule est bien connue. De François Hébert, il fallait donc attendre le plaisir de jouer presque sensuellement avec les mots et des références détournées à un vaste corpus littéraire et culturel; et surtout, jamais rien de mièvre. Son dernier recueil, Comment serrer la main de ce mort-là, se lit comme un véritable hommage à des écrivains ou peintres connus, la plupart réunis dans la mort : Miron bien sûr, mais aussi Grandbois, Godin, Riopelle ou Borduas, Gauvreau ou Nelligan. Nelligan dont le célèbre poème sur l'hiver a inspiré à Hébert ces vers qui nous rappelleront le dur hiver que nous venons de traverser, en même temps qu'ils nous font entendre des échos de Réjean Ducharme :

« que j'ai de la misère / l'hiver au cœur livré
à l'heure /
le temps fait dur / dures la température et
la créature
misère noire / misère blanche ».

Les poètes, on le voit, sont en prise avec l'univers et ils rejoignent ainsi les scientifiques qui se préoccupent avant tout, de nos jours, d'environnement. Ainsi le psychologue Jean Morval traite de Psychologie environnementale dans un ouvrage publié aux PUM, (dans la collection « Paramètres ») et Hubert Reeves publie ses Chroniques des atomes et des galaxies au Seuil. Reeves est à sa façon un grand poète et cet ouvrage est un recueil de chroniques lues sur les ondes de la radio française. Il y parle abondamment d'Einstein et répond aux questions fondamentales que nous nous posons sur l'univers fini ou infini, sur le réchauffement de la planète, ne s'arrêtant qu'aux limites actuelles des connaissances, après quoi il n'y a que mystère.

Le psychologue Morval s'intéresse particulièrement, lui, à « la notion d'appropriation de l'espace », dans le contexte de l'univers contemporain aux prises avec « le bruit, la pollution, la chaleur, la foule, etc.» - autant de facteurs qui ont leur impact non seulement sur « la motivation au travail et l'affirmation identitaire », mais aussi sur « les problèmes du vieillissement ». Notons d'ailleurs que, en collaboration avec Pierre Brunel, Claudine Attias-Donfut et Jacques Lévy, Morval a signé un ouvrage publié aux PUF et intitulé Penser l'espace pour lire la vieillesse.

Il s'agit encore d'espace - culturel aussi bien que géopolitique - dans le Profession : sinologue que Charles Le Blanc vient de faire paraître aux PUM. «J'ai toujours cherché à aller au-delà de l'expérience immédiate. La Chine m'est ainsi apparue comme l'horizon le plus lointain que je pouvais atteindre », écrit-il pour expliquer son intérêt pour cette civilisation très riche à laquelle il a consacré quarante ans de carrière. « La sinologie », précise-t-il, «ambitionne de relever deux défis : comprendre la Chine en elle-même et faire comprendre la Chine en Occident ». Entreprise complexe, jamais complétée, à laquelle s'était déjà attelé le poète Alain Grandbois, sillonnant la Chine sur les traces de Marco Polo. Mais en véritable sinologue, Le Blanc se passionne autant pour la Chine contemporaine dont la croissance sidère le monde entier, qu'à des manuscrits anciens récemment découverts dans des tombeaux.

Du côté de l'histoire, signalons deux titres. Pierre Boglioni, souvent interrogé par les médias sur le Da Vinci Code, a publié un ouvrage où il explicite son point de vue sur cette controverse. « Du point de vue de la véracité historique, il n'y a pratiquement rien à retenir de ce roman », précise-t-il, allant même jusqu'à considérer comme des « canulars extravagants ou des caricatures extrêmes » ce que Dan Brown présente comme des vérités historiques. C'est aussi une relecture de l'histoire - la nôtre, cette fois- que nous présentent Marcel J. Rheault et Georges Aubin. Médecins et patriotes, 1837-1838 nous dévoile le rôle extrêmement important et courageux joué par les médecins, anglophones aussi bien que franco-phones, durant cet épisode tragique de notre histoire : « côtoyant à la fois le peuple et le pouvoir en place, ils étaient à même de constater et de subir les décisions injustes des autorités coloniales ». Un ouvrage qui sera sûrement apprécié par tous les historiens, mais qui semble apporter une contribution particulièrement importante à l'histoire de la médecine.

Jean Cléo Godin

 



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